Retour sur les Rencontres annuelles 2025 du GIS PIClég
Retour sur les Rencontres annuelles 2025 du GIS PIClég
Les Rencontres du GIS PIClég ont eu lieu à Avignon les 29 et 30 septembre 2025. Ces dernières ont réuni une cinquantaine de participants d’origines variées (recherche, expérimentation, conseil, mais aussi professionnels de la filière…) et permis à la communauté du GIS d’échanger autour de deux thématiques principales : la diversification des cultures et les paillages organiques, deux leviers importants pour contribuer à la transition agroécologique des exploitations maraichères et légumières. Un résumé de l'évènement ainsi que les supports de présentation sont disponibles ci-dessous.
Frédéric Carlin (INRAE) et Rémi Kahane (CIRAD) ont ouvert l’évènement en rappelant tout d’abord les moyens mis en œuvre en matière de recherche sur les fruits et légumes.
Séquence n°1 : Diversification des cultures et des filières en maraîchage et cultures légumières
Marc Tchamitchian (INRAE) a introduit le sujet en revenant sur les définitions de la diversification, qui renvoie de façon générale à une forme de pluriactivité (au sein des productions, dans la recherche de marchés ou d’ateliers mis en place…). A travers son exposé, la diversification est ainsi vue en tant que processus dynamique, opportunité, facteur de régulation mais aussi à l’origine de contraintes (main d’œuvre, coûts). Il a finalement présenté les pratiques de diversification comme difficiles mais prometteuses, car elles permettent d’apporter une gamme de services écosystémiques utiles ) la transition agroécologique.
Les échanges ont ensuite porté sur la complexité à laquelle doivent faire face les agriculteurs lorsqu’ils souhaitent diversifier leurs exploitations; sur la dimension collective des fermes comme un levier pour faciliter la mise en œuvre des systèmes très diversifiés (Cf visite de l’exploitation de la Durette) ; sur les profils d’agriculteurs mettant en œuvre ces pratiques ainsi que sur les limites de la diversification et les systèmes de cultures associés.
Divers projets ont ensuite été présentés en explorant plus particulièrement la thématique de la diversification au sein de ces derniers.
Le projet SOLAD-FL, présenté par Sébastien Picault et Cathy Eckert (CTIFL), mobilise notamment le levier de la diversification comme un moyen de gestion des populations adventices. Il vise ainsi à concevoir des systèmes de cultures « suppresseurs » ou à effet très défavorable sur le peuplement adventice des parcelles, en proposant pour cela des règles de décision combinant divers leviers à l’échelle de la parcelle ou de la rotation culturale.
Jacques Fillâtre (Armeflhor) a ensuite proposé un retour d’expérience sur les pratiques de diversification par la production de fraises à la Réunion. Il est ainsi revenu sur le développement de la production locale de plants de fraises en tant que culture de diversification de la tomate, les deux étant complémentaires (saison chaude et fraîche ; altitude).
Reva Viaud (INRAE), a partagé une synthèse de l’étude réalisée lors de son stage de fin d’études, consacré aux performances technico-économiques de systèmes maraîchers agroforestiers dans le Sud Est de la France. Les systèmes considérés associent arbres et cultures maraîchères au sein d’une même parcelle. Le travail conduit met en évidence la diversité de ces systèmes (design spatial, conduite technique) et de leurs performances, qui dépendent de nombreux facteurs (organisation spatiale des arbres, atelier maraîcher, ressources disponibles). Reva a conclu l’exposé sur la nécessité de trouver un équilibre entre biodiversité cultivée et valorisation socio-économique du travail.
Arnaud Dufils et Claire Lesur-Dumoulin (INRAE) ont présenté quelques enseignements du projet INTERLUDE, consacré à la co-conception de scénarios territoriaux en vue d’une réduction du recours aux produits phytosanitaires en maraîchage, en présentant les travaux sur la diversification des cultures. Les deux cas d’étude présentés (Plaine du Roussillon et Provence) ont permis de mettre en évidence des opportunités, mais aussi des freins à la diversification. Ces derniers relèvent par exemple de difficultés pour vendre les légumes (recherche de débouchés pour les nouvelles cultures) ; du travail associé (savoir-faire, temps de travail, charge mentale) ; d’un manque de connaissance sur des cultures « de niche » ; du manque d’équipement nécessaire pour semer ou récolter certaines espèces de niche, etc. La conception de scénarios territoriaux visait à combiner différents leviers à l’échelle du territoire pour lever les freins constatés. L’exposé a notamment mis en avant l’importance des débouchés pour les cultures de diversification, avec pour les cas étudiés un enjeu à commercialiser en circuit court et locaux.
Une séquence d’échanges avec la salle a été proposée en fin d’après-midi. Différentes remarques et réactions en sont ressorties :
La diversification repose non seulement sur une approche « système » à l’échelle de l’exploitation (via la construction des rotations notamment) mais va bien au-delà, puisqu’elle s’inscrit dans un système agri-alimentaire et repose sur la participation des maillons de l’aval des filières. Une meilleure prise en compte de ces sujets économiques pourrait être envisagée par le GIS PIClég. Des think-tanks comme l’IDDRI pourrait être mobilisés pour démarrer une réflexion commune sur les problématiques spécifiques des filières.
Si les relations entre producteurs et la grande distribution sont délicates, s’agissant d’un secteur particulièrement concurrentiel, certains acteurs intermédiaires entre producteurs et grande distribution peuvent néanmoins présenter un intérêt et être associés aux réflexions.
La question de la main d’œuvre en lien avec la diversification a peu été abordée, mais elle représente une véritable problématique pour la filière, aussi bien du point de vue de la disponibilité en main d’œuvre que de sa compétence (en lien aux formations).
Les systèmes complexes présentés cet après-midi sont difficiles à évaluer, au-delà des seuls aspects agronomiques. Cette question pourrait être investie par le GIS.
Une matinée consacrée à des visites
Deux visites ont été organisées la matinée du 30 septembre. Les participants ont d’abord été accueillis au siège du réseau de distributeurs CRENO, à Chateaurenard, qui existe depuis 50 ans. Cette matinée a été l’occasion de présenter les différents services de l’entreprise ainsi que sa stratégie, à la fois en matière d’implantation du réseau et d’approvisionnements (local, national, international). L’entreprise fonctionne grâce à un réseau d’affiliés, situés sur la quasi-totalité du territoire français, auxquels elle fournit des outils pour dédiés pour assurer l’approvisionnement de leurs clients. La démarche de filière locale « Jardin d’ici », qui définit un certain nombre de critères pour identifier les fournisseurs (statut de l’exploitation, distance du lieu d’achat) et propose des temps d’échanges entre producteurs et clients (restauration hors domicile et collective notamment) a été exposée. Le rôle du réseau dans l’accompagnement des clients à l’atteinte des objectifs de la loi EGAlim a également été abordé (identification de produits labellisés, accompagnement des producteurs à la certification HVE, etc.). La visite s’est conclue par un temps d’échanges, qui a permis aux participants de mieux comprendre le fonctionnement de ce maillon intermédiaire des filières et le rôle qu’il joue et pourrait jouer pour soutenir les agriculteurs dans la diversification des cultures légumières.
La deuxième partie de la matinée a été consacrée à une visite de la ferme de la Durette, une ferme expérimentale et commerciale en agroforesterie maraîchère située à Avignon. L’exploitation cultive des légumes et des arbres fruitiers diversifiés en double rang pour faciliter l’entretien des arbres. Trente à quarante espèces maraichères sont cultivées toute l’année pour proposer à la commercialisation un maximum de produits de saison. La ferme est menée en collectif, ce qui permet d’éviter les coupures notamment en été tout en restant acceptable sur le plan de la charge de travail. La commercialisation se fait via le site web de la ferme, couplé à un drive ; les clients composent leur commande qu’ils récupèrent ensuite sur le site de la ferme. Aujourd’hui, le facteur limitant pour les ventes est plutôt la capacité de production que la clientèle.
Séquence n°2 : Alternatives aux paillages plastiques en couverture du sol : paillages industriels et mulchs végétaux. Quelle diversité de services ?
L’introduction de l’après-midi a été assurée par Joséphine Peigné (ISARA) qui a présenté une synthèse des enjeux des paillages et couvertures du sol dans les systèmes agroécologiques. Le paillage désigne, en agriculture, le fait de couvrir le sol avant, pendant et / ou après le cycle d’une culture. Divers paillages existent et se distinguent notamment par le type de paillis utilisé (matériaux organiques, synthétiques ou spéciaux). Leur composition peut aussi être mixte. Les avantages et inconvénients des paillages plastiques et organiques ont été recensés. De nombreux paramètres sont à prendre en compte pour comprendre l’action des paillages sur le sol, sachant que les effets recherchés pour des paillages organiques relèvent de la protection des sols, la gestion des adventices, l’amélioration de la fertilité des sols, la préservation de l’environnement, etc. Des travaux restent à conduire sur la question afin d’optimiser les conditions de mise en place de paillis organiques.
Amélie Lefèvre (INRAE) et Béatrice Rhino (CIRAD) ont ensuite proposé un panorama des projets, en France hexagonale et dans les DROM, traitant des paillages alternatifs au plastique pour illustrer la diversité des systèmes étudiés et les différents services rendus par les végétaux ainsi que les disservices identifiés.
A l’issue de ces interventions de cadrage, plusieurs projets mettant en œuvre des pratiques de paillage en maraîchage ont été présentés. Le projet Altermulch vise à produire et capitaliser des connaissances opérationnelles et scientifiques appliquées en production maraîchère sur différentes stratégies agro-écologiques de couverture des sols en ayant recours à des paillages végétaux. Benjamin Perrin (INRAE) a présenté les essais mis en place pour cette étude, comparant une stratégie de référence à trois stratégies types alternatives (mulch mort importé ; couvert d’interculture détruit ; couvert végétal vivant), et les résultats des deux premières campagnes (2024-2025) de mise en place. Diverses composantes de la performance ont été analysées, conduisant à la conclusion que les mulchs végétaux les impactent toutes et différemment en fonction de la saison. Les résultats présentés seront à confirmer dans la suite du travail.
Le projet Hab’Alim, qui porte sur la gestion des ravageurs en maraîchage et horticulture et l’amélioration de la régulation en agissant sur l’habitat et la nourriture des auxiliaires, a été présenté par Jérôme Lambion (GRAB) et Benjamin Gard (CTIFL). Jérôme Lambion a présenté les résultats d’essais conduits sur aubergine visant à l’amélioration de la lutte biologique par l’utilisation de paillages végétaux. Ces derniers ont pu mettre en évidence des effets positifs sur la colonisation et le maintien des acariens régulateurs Phytoséiides ; un impact sur la localisation sur la culture ; des effets sur les auxiliaires présents dans le sol, etc. Benjamin Gard a ensuite partagé les résultats d’essais conduits sur fraisiers visant à apporter habitat et nourriture aux acariens prédateurs pour améliorer le contrôle du thrips. Les résultats ont mis en évidence le rôle de la nourriture et des abris ajoutés à l’agrosystème pour renforcer l’établissement des acariens prédateurs sur les plantes, sans toutefois que ces pratiques ne soutiennent durablement leur présence. En outre, la solution testée (cosses de sarrasin) a un coût élevé et la mise en place de plantes de services (ici de l’alysse) peut s’avérer être une solution plus rentable.
Claire Goillon (APREL) a ensuite présenté le projet MACMA, consacré au développement de couverts végétaux en maraîchage sous abri. Diverses pratiques ont été travaillées dans ce cadre, notamment la couverture du sol en inter-rang. Le screening pratiqué a mis en évidence les points forts des modalités testés (Trèfle de Perse / mélange Barerosio Giro 2s). L’expérimentation fournit de premiers résultats technico-économiques qui seront à préciser par la suite, afin de poursuivre le développement de ce type de pratiques chez les producteurs.
Le projet TENACE a conclu le panorama des projets présentés. Ce dernier, présenté par Charlotte Berthelot (CTIFL), évalue divers paillages alternatifs (mulch sec, mulch frais, paillage clé en main) afin d’identifier des solutions à la fois efficaces et acceptables pour les producteurs. Les résultats relatifs à la biomasse, l’enherbement, l’impact sur le rendement et sur la biologie du sol ont été présentés. Certains paillages présentent des performances semblables à celles des paillages plastiques mais l’absence de solution de mécanisation ne permet pas leur expansion. Une adaptation des outils de plantation, paillage et récolte est nécessaire pour permettre l’appropriation de ces stratégies par les producteurs.
Les Rencontres du GIS PIClég 2025 ont été conclues par une séance collaborative visant à explorer les besoins et pistes de travail pour le GIS. Cette dernière a permis aux participants de partager les thématiques et enjeux à explorer en priorité par le GIS dans les prochaines années et d’exprimer leurs besoins méthodologiques associés à ces enjeux.
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